L’œil de Sylvie
L’œil et son cercle, tel est le monde que Sylvie Abélanet explore et nous invite à découvrir en de multiples manières et dans différentes matières. De l’estampe à la sculpture, ce cercle, figure géométriquement close, Sylvie l’ouvre bien plutôt grâce à l’huis au travers duquel disparaît mystérieusement la lumière et dont l’iris palpite à toutes ses variations. Ce point noir, en focalisant nos regards, devient alors le centre du monde.
Dans les expressions plastiques que Sylvie propose sur ce thème, la pupille se peuple de signes ou d’un oiseau. Est-ce simplement l’ouverture d’un nid ou l’animal familier nous ouvre-t-il le passage d’un monde à l’autre, en hésitant à choisir celui où s’envoler ?
Abandonnant l’aquatinte, Sylvie accompagne la lumière de sa gravure vers d’autres supports : le verre, l’ardoise, le zinc ou l’acier, qu’elle érode ou corrompt à son imaginaire et sans que souvent le texte, en caractères gravés dans la matière même qu’elle emploie, ne soit absent et commente les mondes qui surgissent de ces plaques de matière brute.
Sylvie confirme ainsi que l’art ne se réduit pas à une seule de ses expressions plastiques ni à un seul métier et qu’en posséder plusieurs ne peut qu’enrichir la palette des possibles.
Claude Bureau
Article paru dans : "Graver Maintenant - Groupe Corot - Les Nouvelles"
N° 38 - printemps 2000